Objet : route
Datations : Bas Moyen Age, époque moderne
Fouilles : 1993-1994, Service archéologique du canton de Berne (SAB) : secteur Malvaux
Collections : SAB, Berne
Sur le flanc nord de la combe de Malvaux, entre Pierre Pertuis et Tramelan, à une altitude de près de mille mètres, se trouvent des vestiges de route ancienne qui sont parmi les plus longs et les mieux conservés de Suisse. Il s'agit d'une voie à rainures, creusée dans la roche calcaire. On y distingue deux ou trois sillons bien marqués qui servaient de rails aux véhicules, ainsi qu'une série de marches bien conservées entre les rainures, destinées à empêcher les bêtes de trait de glisser ; de telles marches apparaissent aussi ponctuellement sur les côtés de la voie. Plusieurs phases doivent être distinguées dans cet aménagement : l'entraxe du premier état de la route mesure 107 cm environ, mais il a été écarté à environ 120 cm lors d'un réaménagement de la route. D'autres ornières plus discrètes ont été creusées sur des longueurs variables pour éviter des secteurs trop dégradés.
En 1866, Auguste Quiquerez dessina une coupe du chemin de La Tanne avec la légende suivante: « Chemin de Tavannes à Tramelan, par la Combe et le Crépété, avec rainures transversales dans les fortes pentes sur le roc et pavé de grosses pierres plates, brutes dans les lieux humides ».
Le toponyme de « La Tanne » peut suggérer à lui seul l'existence d'une voie ancienne. En effet, Rudolf Fellmann, dans La Suisse gallo-romaine, dit : « Enfin, dernière source, mais non des moindres, les lieux-dits qui accompagnent bien des chemins vicinaux : ainsi des noms comme Strass (TG) ou des dénominations de type 'Hochstrasse' ou 'Heidensträsschen' pour le domaine alémanique, Vie d'Etraz, La Tanne, Tannaz et autres expressions françaises analogues peuvent souvent rappeler des voies romaines, mais ces indications doivent toujours faire l'objet de vérifications scrupuleuses sur le terrain » (p. 85).
Désignée traditionnellement comme route romaine, cette voie reliant Tavannes à Tramelan ne semble en fin de compte pas remonter au-delà du Bas Moyen Age. En effet, les fouilles faites au début de la combe de Malvaux n'ont pas permis de rassembler du mobilier antérieur aux XIVe-XVIe siècles. Cette datation est confirmée par des analyses carbone 14 effectuées sur des charbons de bois prélevés dans le radier du chemin.
Le réaménagement de la route qui porte l'écartement des rainures à 120 cm a peut-être eu lieu encore au Moyen Age. Il permet en tout cas le passage de véhicules plus larges et sans doute plus longs, à un voire deux essieux. L'origine de cette adaptation est peut-être à chercher dans le développement du trafic entre les Franches-Montagnes et le Plateau suisse.
Voir aussi la notice Archéologie.
Auteur·trice du texte original: Claude Juillerat et François Schifferdecker (réd.), Guide archéologique du Jura et du Jura bernois, Porrentruy, 1997 (complété en 2008 : Ludwig Poget), 17/11/2008
Bibliographie
Roger Chatelain, « Anciennes voies de communication dans le Jura », in ASJE, 86, 1983, pp. 10-15
Auguste Quiquerez, Antiquités du Jura découvertes, décrites et en partie publiées dans les divers ouvrages : 1822 à 1878 (ms transcrit par Joseph Hanhart et Roger Hayoz), 1991, pp. 75-89
Rudolf Fellmann, La Suisse gallo-romaine, Lausanne, 1992, pp. 75-89
Christophe Gerber, La route romaine transjurane de Pierre Pertuis, Berne, 1997
Claude Juillerat, François Schifferdecker (réd.), Guide archéologique du Jura et du Jura bernois, Porrentruy, 1997
Christophe Gerber, « Tavannes, La Tanne : redécouverte de la route à rainure », in Archäologie Bern/Archéologie bernoise, 2008, pp. 86-87
Suggestion de citation
Claude Juillerat et François Schifferdecker (réd.), Guide archéologique du Jura et du Jura bernois, Porrentruy, 1997 (complété en 2008 : Ludwig Poget), «Tanne, La (site archéologique, Tavannes)», Dictionnaire du Jura (DIJU), https://dictionnaire-du-jura.ch/f/notices/detail/6710-tanne-la-site-archeologique-tavannes, consulté le 16/03/2025.